L’arrivée d’un bébé : le développement psycho-affectif des parents

Dès la grossesse, des questions peuvent apparaître, du côté de la femme ou de l’homme et dans le couple. La femme enceinte se transforme physiquement, elle prend du poids, sent à l’intérieur de son ventre les mouvements de son bébé. Pour prendre soin d’elle-même et de l’enfant qu’elle porte, elle se recentre sur elle, elle effectue une certaine régression pour utiliser des mécanismes de défense antérieurs à ceux qui prévalaient avant cette grossesse.
Dès cet instant ses capacités à régresser sont interpelées pour s’identifier aux besoins du bébé. Cet important changement corporel peut se vivre avec une jubilation de se sentir pleine, voire comblée ou, au contraire, susciter du rejet, de l’angoisse.
Désormais, on connaît bien les écueils pour la femme à cette période, qui vont du blues léger du post-partum aux décompensations sévères. C’est en revanche récemment que les difficultés des hommes au cours de ce passage ont été prises en compte
Un même processus de questionnement de toute sa construction psycho-affective s’effectue pour lui aussi : pour ne pas envier sa compagne enceinte, il faut qu’il ait suffisamment intégré la différence des sexes. Pour ne pas jalouser le bébé et se sentir délaissé par sa femme, il faut qu’il puisse prendre soin du bébé. S’il a reçu un « parentage » suffisamment bon et si la reviviscence de sa problématique œdipienne n’entraîne pas de désorganisation psychique, l’homme devient capable de fonder à son tour une famille.
Il pourra alors offrir à sa compagne et au bébé ce conteneur protecteur, cet encadrement nécessaire et il peut alors assurer protection, confiance, créer sa famille et devenir parent.

Jusqu’à la parentalité

Dans le champ psychanalytique, le terme de « parentalité » renvoi à un processus développemental psycho-affectif ou plus précisément à « l’ensemble des processus de maturation psychique propres à la fonction parentale » (Bouregba, 2004). La parentalité dans l’univers analytique correspond ainsi à l’ « ensemble des réaménagements psychiques et affectifs qui permettent à des adultes de devenir parent, c’est-à-dire de répondre aux besoins de leur(s) enfant(s) à trois niveaux : le corps (les soins nourriciers), la vie affective, la vie psychique » (Lamour et Barraco, 1998). Il s’agit d’un « processus qui se prépare inconsciemment depuis l’enfance, (qui est) activé à l’adolescence sous l’influence de facteurs physiologiques, et (qui est) actualisé lors de la naissance des enfants » (Sellenet, 2007).
De nombreuses études mettent en évidence l’impact des pratiques parentales (parenting) sur le développement de l’enfant et plusieurs auteurs considèrent la parentalité comme un des principaux déterminants de la santé physique et mentale (Hoghughui, 1998, 2004 ; Poole, 2003 ; Stewart-Brown, 2008).

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Références

Belkacem, F. (2014). L’arrivée d’un nouvel enfant. Spirale, 69, 75-78.

Durif-Varembont, J. & Barraco, M. (2021). Éditorial. L’effet bébé : conjugalité et parentalité. Dialogue, 231, 11-21.

Ganne, C. & Thiery, N. (2019). Soutenir les parents pour protéger l’enfant: Les centres parentaux entre prévention, protection et accompagnement vers l’autonomie. Recherches familiales, 16, 37-50.

Huger, D. (2015). Le couple à l’épreuve de l’arrivée d’un enfant « différent » …. Tiers, 12, 25-34.

Lamboy, B. (2009). Soutenir la parentalité : pourquoi et comment : Différentes approches pour un même concept. Devenir, 21, 31-60.

Manceron, V., Lelong, B. & Smoreda, Z. (2002). La naissance du premier enfant : Hiérarchisation des relations sociales et modes de communication. Réseaux, no<(sup> 115), 91-120.

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